Divaguer, critiquer, saluer, exprimer ce que je pense de ce que je rencontre, ce qui me touche et ce qui m’énerve.
Wandering, criticising, greeting, expressing what I think of what I encounter, what touches me, and what irritates me.

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<   samedi 5 novembre 2005   >

La démocratisation récente des moyens de production audiovisuels, comme on en avait encore discuté à la sortie d’une session de défense de mémoire à Liège [1], a un effet que je trouve des plus intéressants ici au Sénégal et plus généralement en Afrique. La création de séries sur la vie quotidienne et les réalités sénégalaises et africaines est florissante.

Il y a les petites productions, diffusées principalement par des copies sur CD aux coins des rues, la compagnie du Soleil levant de Thies est réputée en la matière. Il y a ensuite les productions télévisées qui sont parfois très populaires, comme la série ivoirienne Ma famille qui passe sur la RTS et sur Africable et dont beaucoup ne voudraient rater un épisode pour rien au monde. Et puis il y a les films qui viennent d’un peu partout du continent et dont vous pouvez acheter ou louer des VCD un peu partout. C’est en tout cas autrement plus riche que les séries américaines mondialisées ou les séries mexicaines, brésiliennes ou argentines [2] aussi programmées à la RTS.

Les sujets des films sont variés, avec une prédominance des thèmes sur les relations de couple et de la vie de famille : l’amour, la fidélité et l’infidélité, la jalousie, les enfants sont présents partout. Le tout agrémenté des coutumes bien d’ici comme les cousinages à plaisanterie et les croyances populaires ancestrales. Certaines de celles-ci sont d’ailleurs parfois surprenantes, les histoires de maris de nuit, de sorcelerie pour se protéger des envies de son voisin, du maraboutisme pour connaître son futur ou du vaudou pour faire tourner la tête à l’être aimé. C’est assez loin et beaucoup plus dans le quotidien, avec parfois des conséquences dramatiques, que les superstitions européennes des chats noirs, de la pierre philosophale, des feux de la Saint Jean ou du vert bouc franchimontois.

Malheureusement, les conditions de vision ne sont pas toujours les meilleures. La diffusion par VCD, utilisant des fichiers mpeg parfois encodés de manière artisanale [3] est très répandue car les DVD coutent trop cher. Or la qualité de reproduction de ces VCD est souvent pauvre, les lecteurs sont complètement dépassés par les nouveaux codecs et manquent de puissance de calcul pour pouvoir montrer une image fluide.

Alors, les croyances populaires pourront elles aider la technologie ? Ou faudra-t-il que les technologies éradiquent ces croyances ? Ni l’un ni l’autre ne seront sans doute solution au développement de l’Afrique...

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[1En discutant avec un prof d’audio visuel, qui avait présidé le jury auquel un de mes collègues cassiopéen et moi-même avons participé, nous étions bien d’accord que c’était une véritable chance que les coûts de production aient chutés grâce à l’arrivée des technologies numériques. En 2 ou 3 dizaines d’années, le coût d’une minute de film est passé de quelques milliers d’euros à quelques euros. Toutes les créations ne sont pas nécessairement de qualité, certes, mais le seul fait qu’elles puissent exister est en soit une petite révolution pour la création et l’expression.

[2Je vous conseille particulièrement La calle de las novias.

[3Enfin, si l’artisanat informatique existe (encore ?), personnellement je crois que oui !


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